Sida : le dépistage enjeu majeur dans la lutte contre le virus VIH

À la veille de la Journée mondiale contre le sida, Santé publique France publie les dernières données épidémiologiques sur l’infection par le virus VIH en France et sur l’activité de dépistage. Les diagnostics de séropositivité sont en diminution mais l’épidémie se poursuit au sein de populations exposées.

Près de 6 200 personnes ont découvert leur séropositivité en France en 2018. Santé publique France consacre un numéro entier du Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) à la situation épidémiologique et au dépistage du virus de l’immunodéficience humaine (VIH)

Depuis 2016, la déclaration obligatoire des diagnostics de séropositivité et de sida permet de recenser les personnes contaminées, de repérer les populations particulièrement touchées et d’estimer le nombre de nouvelles contaminations (incidence du VIH). Ces informations permettent de cibler les politiques de prévention et d’en mesurer leurs effets.

Le dépistage en légère hausse

Le dépistage se réalise selon trois possibilités : dépistage pratiqué dans un laboratoire de biologie médicale (de ville ou hospitalier), le test rapide d’orientation diagnostique (TROD), l’autotest VIH vendu en pharmacie.

En 2018, 5,8 millions de recherches du VIH ont été réalisées, soit une augmentation de 11% depuis 2013. Les TROD, réalisés dans le cadre d’actions de “dépistage communautaire”, c’est-à-dire sur des populations particulièrement exposées comme les hommes homosexuels et les personnes nées en Afrique subsaharienne, ont augmenté passant de 56 000 en 2017 à 64 500 en 2018. Le nombre d’autotests VIH vendus en pharmacie est à peu près comparable à celui de 2017 (73 000).

Le diagnostic de séropositivité a baissé en 2018

En 2018, 6 200 personnes ont été dépistées séropositives (une diminution de -7% par rapport à 2017). 56% d’entre elles ont été contaminées à la suite de rapports hétérosexuels, 40% de rapports entre hommes (HSH) et 2% par usages de drogues injectables (UDI). La courbe du nombre de diagnostics de séropositivité entre 2010 et 2018 montre une certaine régularité (autour de 6 500 par an en moyenne), avec une baisse plus accentuée entre 2017 et 2018.

L’étude des diagnostics de séropositivité montre que ceux-ci ont diminué de manière importante chez les personnes nées en France, HSH et hétérosexuels (-19%). Ils restent plus stables chez les populations étrangères, représentant 56% des découvertes de séropositivité (dont 66% nées dans un pays d’Afrique subsaharienne) avec une baisse pour les hétérosexuels nés à l’étranger.
Les HSH et les personnes hétérosexuelles nées à l’étranger sont les deux populations les plus exposées au VIH.
Les plus de 50 ans représentent 23% des personnes diagnostiquées séropositives. Ils forment une forte proportion des hétérosexuels nés en France et sont souvent diagnostiqués à un stade avancé de l’infection.

Dépistages et traitements précoces restent la meilleure prévention

Avec 1 200 personnes atteintes du sida en 2018, on constate une baisse de moins de 24% entre 2013 et 2018. L’absence de traitements antirétroviraux explique pour une large part la déclaration de la maladie. Ignorant leur séropositivité, 63% d’entre elles n’avaient pas reçu ces traitements.
L’augmentation du nombre de dépistage et le traitement précoce des personnes séropositives (qui diminue la morbidité des personnes atteintes et la transmission du VIH) contribuent à la diminution de nombre de découvertes de séropositivité.

Dans une note valant avis sur la politique de dépistage du VIH en France, le Conseil national du sida et des hépatites virales (CNS) considère cependant qu’il n’y a pas de réduction de l’épidémie. Au contraire, l’épidémie se poursuit en France au sein des HSH et des femmes et des hommes nés à l’étranger qui pour beaucoup se contaminent en France. pour le Conseil, l’accès au dépistage reste un enjeu majeur. Parmi les personnes nouvellement diagnostiquées, 52% n’avaient jamais fait de test auparavant.