La création d’un ministère délégué à l’Industrie pharmaceutique pour la première fois dans le nouveau gouvernement de Djerad rattaché au ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, dirigé par Lotfi Djamel Benbahmed, pharmacien et président du Conseil de l’Ordre des pharmaciens, témoigne, selon les opérateurs de la pharmacie, notamment les producteurs et les pharmaciens d’officine, «d’un intérêt certain accordé par les plus hautes autorités publiques à ce secteur particulier de l’économie du pays», tout en souhaitant voir une prise de décisions pratiques prochainement avec plus de prérogatives à ce nouveau ministre, M. Benbahmed, qui connaît dans le détail les problèmes rencontrés par cette jeune industrie.
«L’industrie pharmaceutique nationale est l’un des rares secteurs à avoir connu une forte croissance au cours des vingt dernières années et à avoir gagné des parts de marché importantes par rapport à la concurrence des importations», a souligné le Dr Abdelouahed Kerrar, président de l’Union nationale des opérateurs de la pharmacie (unop).
Et de préciser : «La création de ce ministère permettra de mettre l’accent sur la nécessité d’une véritable politique adressée à un marché aussi sensible que celui du médicament.» Avant de rappeler que les autorités avaient pour objectif de couvrir par la production nationale les 70% de la demande en médicaments, «sans avoir jamais défini les mécanismes et les moyens à mettre en œuvre pour y arriver. Il faut croire que le nouveau ministère s’attachera à combler cette lacune».
L’autre défi pour ce nouveau ministre, selon le Dr Kerrar, est la disponibilité du médicament qui nécessite des moyens importants. «Durant ces cinq dernières années, les autorités ne sont pas arrivées, malgré leur engagement, à garantir la disponibilité effective du médicament sur le marché interne», a-t-il noté tout en estimant que la création de ce département est «apparue comme une nécessité» puisque la mission principale du ministère de la Santé consiste à répondre aux besoins essentiels de santé publique de la population alors que le ministère en charge de l’Industrie s’est, de son côté, toujours désintéressé de ce secteur particulier.
En attendant, le président de l’unop estime qu’il est aujourd’hui important de définir les prorogatives du nouveau ministre par rapport à celles relevant du ministère de la Santé, et surtout les relations à développer avec les autres ministères, l’Industrie, le Commerce extérieur, le Travail et la Sécurité sociale, l’Enseignement supérieur, les Finances et la Banque d’Algérie et le Transport.
Pour le président du Syndicat national des pharmaciens d’officines, Messaoud Belmabri, la création de ce département prouve que cette industrie a besoin d’une attention particulière, surtout que ces dernières années «la production nationale» a connu un ralentissement suite aux nombreuses difficultés rencontrées sur les plans financier et technique. «Des investissements sont actuellement à l’arrêt et des unités de production fermées.
Ce nouveau département, qui a à sa tête un pharmacien, qui maîtrise parfaitement et au détail près les difficultés de l’industrie pharmaceutique et du pharmacien d’officine, permettra de donner un nouveau souffle à cette jeune industrie. Nous souhaitons voir cette industrie atteindre les objectifs des 50% en besoins de médicaments de la production nationale et mettre en place des mesures incitatives, notamment sur la question des prix», a déclaré M. Belambri, qui a exprimé sa satisfaction pour la création de ce département tout en apportant son soutien au nouveau ministre, M. Benbahmed. «Le nouveau ministre pourra apporter des solutions aux problèmes rencontrés puisqu’il connaît bien le secteur, à condition qu’il ait les moyens nécessaires pour décider et faire appliquer toutes les propositions déjà faites dans le cadre de la commission nationale du médicament et la cellule de veille sur la rupture des médicaments dont il faisait partie.»
La disponibilité du médicament en pharmacie et dans les hôpitaux doit être la priorité pour ce nouveau ministre, a répondu une pharmacienne interrogée sur l’intérêt de ce nouveau département.
Pour ce faire, elle estime qu’il est urgent de redynamiser la production nationale en encourageant les unités de production, particulièrement Saidal, et enfin aller vers une vraie politique nationale du médicament.